Au début de cette exclusivité, il y a un entêtement salutaire, solitaire, celui de Jean-My Cochois, producteur français, directeur artistique, arpenteur des musiques du monde depuis trois décennies, un temps journaliste au Mexique, qui a consacré plusieurs mois pour faire connaître au public français cette version inédite du répertoire du Dorian Grey de la pop. Une toquade qui a rencontré une autre obsession, celle de Tony Succar.

Michael Jackson est mort. Tony Succar le ressuscite. Il donne des couleurs fauves, tropicales au défunt roi gris de la pop. Voix fine, juvénile, Tony a touillé en sauce – salsa en espagnol – une douzaine de tubes emblématiques de son idole, les relevant avec des épices afro-caribéennes et un peu de sucre (de canne) latin jazz. Bref, un culte original et truculent qui a fait sensation outre-Atlantique chez les millions d’amateurs de tempos latino-américains.

Tony (Antonio) vient pour la première fois en France avec une quinzaine de comparses (chant, chœur, basse, piano, guitare, synthé, congas, trompette, trombone, saxophone, flûte, bongos) ce samedi 29 juillet aux arènes de Vic-Fezensac, siège social de Tempo Latino. Le plus grand festival latino – mais pas que – de l’Hexagone qui réunit ces derniers temps plus de 60 000 participants. Un exploit pour cette petite commune occitane du Gers de 3 500 habitants !

Tony Succar et sa caravane – son projet dénommé Unity – sont l’événement de cette 24e édition (27-30 juillet) de Tempo Latino, une date unique cette saison pour la France. Une première bien flairée par le directeur opiniâtre du festival Eric Duffau.

Au début de cette exclusivité, il y a un entêtement salutaire, solitaire, celui de Jean-My Cochois, producteur français, directeur artistique, arpenteur des musiques du monde depuis trois décennies, un temps journaliste au Mexique, qui a consacré plusieurs mois pour faire connaître au public français cette version inédite du répertoire du Dorian Grey de la pop. Une toquade qui a rencontré une autre obsession, celle de Tony Succar.

Ce natif de Lima, Pérou, né en 1986 dans une famille musicienne professionnelle, installé avec ses parents dès ses deux ans à Miami, ne s’était pas remis de la disparition de son idole en 2009 et s’est mis en tête de lui rendre un tribut exceptionnel, aussi extravagant que l’excentricité de sa coqueluche. « J’ai mis tout mon cœur et mon âme dans ce projet en hommage à l’artiste le plus influent qui a déjà béni ses fans avec sa musique extraordinaire et son message global », déclare Succar.

Un homenaje – en espagnol – dans sa propre culture musicale afro-latine, un hommage remuant et persévérant qui a pris 4 ans à Tony pour faire participer plus de 80 artistes à son tribute – en english – au plus gros vendeur de l’histoire de l’industrie du disque aux côtés d’Elvis Presley et des Beatles.

Une volonté acharnée pour faire participer, par exemple, le New-Yorkais Tito Nieves, surnommé « le Pavarotti de la salsa ». Après maintes insistances et moult coups de téléphone, le patriarche finit par écouter une reprise salsa orchestrée par Tony de Michael Jackson qui le décide à participer à son projet insensé. Y figurent aussi quelques talents confirmés comme la Californienne Sheila E, la Portoricaine La India, ou de nouvelles valeurs comme Michael Stuart, Jean Rodriguez, Kevin Ceballo, Angel Lopez.

Le projet décapant de Succar, virtuose des percussions, notamment des caisses claires timbales, commence toujours par des mesures identifiables de Michael Jackson avant de tourner en cadences cubaines, jazz, qui remueraient le roi de la pop dans sa tombe.

Par Bouziane Daoudi | akhaba.com