Le succès de cette quatorzième édition, illustrée par des records d’affluence inattendus semble annoncer une nouvelle étape pour ce magnifique événement ! L’histoire naît il y a quatorze ans, alors que Dario flota Ocampo et Fernando Toussaint émettent l’idée de créer un festival de musique de latin jazz à Playa Del Carmen.
Le Grand Journal est un des partenaires presse du Festival !
La genèse du Riviera Maya Jazz festival
Le directeur du Fideicomiso du Quintana Roo cherche des idées pour allonger une saison, laquelle, si elle est effectivement forte, n’en demeure pas moins très courte, 5 mois de décembre à avril. A ce sujet, les commerçants de Playa, avec beaucoup d’humour, disent septi- hambre, novi- hambre et deci -hambre – hambre signifie la faim en espagnol NDLR tant ces mois lá sont compliqués pour attirer le tourisme national et international !
Le succès et la demande font évoluer le festival vers le jazz international tout en laissant une place non négligeable aux groupes locaux qui voient une belle opportunité de mieux se faire connaitre. Il devient le Riviera Maya Jazz Festival… !
Au fil des éditions ce festival s’est inscrit parmi les 10 grands événements de jazz au monde ! Il faut dire que le montage est fort intelligent, jugez plutôt : la « ligne éditoriale » de Fernando Toussaint, le directeur artistique, consiste à programmer les sommités du jazz des années 70, 80 et 90 : Herbie Hancock, Al Di Meola, John Mc Laughlin, Al jarreau… Alors pourquoi tous ces grands noms ? Pour juste essayer d’attirer les touristes étasuniens qui souhaitent venir passer une semaine de vacances dans la région. Forcement séduits à l’idée de voir ces grands noms, qui coûteraient 50 dollars par show aux Etats Unis en temps normal, ils choisiraient donc cette période prioritairement.
Pour cela, Le Fideicomiso propose une semaine de vacances en famille aux artistes, tous frais payés, en échange d’un cachet largement revu à la baisse…bien vu !
Et pourtant le festival a ses opposants…
Pour autant les entrepreneurs locaux ne tiennent pas le même son de cloche. Certains d’entre eux estiment que l’argent dépensé à cette occasion devrait aller prioritairement sur le renforcement par exemple du réseau électrique : depuis plusieurs années, au moment du décompte des dix dernières secondes du passage à la nouvelle année, pic de remplissage de la saison, arrivé à 7 tout saute (!?) Est-il normal qu’il n’y ait aucune douche pour se rincer à l’eau douce sur les plages… et ne parlons pas de l’état des trottoirs !
Ils jugent également trop timide l’implication du Fideicomiso sur la sauvegarde et la défense de l’environnement. Même si de réels progrès sont à noter dans ce domaine, il n’en reste pas moins que les dommages causés sont réels. « Imagines tu les dégâts occasionnés sur la plage du Mamita’s après le passage de 20 000 personnes trois soirs d’affilés ? », me commentait le propriétaire d’un hôtel de 25 chambres sur la Quinta avenida, poursuivant son analyse : « Les artistes sont invités dans les grands complexes 5 étoiles, des Resorts hôtels , qui peuvent recevoir des milliers de clients et pour lesquels offrir une chambre pendant une semaine est tout a fait supportable économiquement, pour moi c’est impossible, je mettrais immédiatement mon entreprise en danger. »
Pour ma part, je peux attester d’une évolution fulgurante du tourisme en cinq ans et cela fait quarante ans que ca dure donc forcément ça peut bloquer sur certains besoins en constante augmentation! Pour autant un restaurateur me confiait que seuls les mois de septembre et octobre demeurent maintenant économiquement très difficiles mais le reste de l’année est en constante augmentation en terme de fréquentation !
Retour sur l’édition 2016…
Chaque soirée aura connu son moment de grâce musicale et, sans faire injure aux autres groupes, Steve Gadd le premier soir, Antonio Sanchez le deuxième et Bill Evans le dernier soir, ont délivré une partition d’une grande intensité.
Steve Gadd fait partie de ces «requins de studio » dont le nom apparait sur une multitude de vinyls – de Steely Dan à Chick Corréa en passant par Paul Mc Cartney ou encore Al Di Meola…Il a toujours su poser ses baguettes dans le rythme souhaité et pour cela reste l’un des tous grands batteurs de ces dernières décennies. Son quintet aura su emmener le public du Mamita’s dans son voyage musical toujours emprunt d’une grande subtilité.
Antonio Sanchez est un garçon dont le charme et la classe se retrouvent dans sa musique. Il fallait être sacrément gonflé pour proposer son dernier travail Migration sur la plage. Véritable Master Piece musical nous entraînant au gré des goûts musicaux d’Antonio : du jazz bien sur, mais aussi du free jazz, de la funk, du blues, du classique aussi. Un voyage d’une heure vingt sans aucune interruption puisque Migration est une suite de titres qui enchaînent, et tels un scénario nous conte sa vision musicale. La grande classe ! Le public, totalement absorbé, dans un silence remarquable pour ce style de musique, est a gratifié d’un réel accessit !
Bill Evans a 21 ans lorsque un certain Miles Davis fait appel a ses services pourenregistrer à ses cotés et partager la scène ! Depuis il n’a cessé de jouer… Son show au Mamita’s a été d’une grande inventivité, son répertoire très éclectique allant du jazz au rock en passant par le blues, la pop…sa particularité réside également dans le fait qu’il s’est mis au chant depuis quelque temps – il le fait plutôt bien d’ailleurs – admirablement épaulé aux cœurs par son batteur et son guitariste. Bill Evans est surement le musicien le plus créatif du moment !
Pour finir, une mention au public – la production parlait de vingt mille personnes par soir ( ?!)- attentif et respectueux des artistes sur scène, soucieux de restituer une plage dans le même état, c’est-à-dire propre et accueillante, qu’à leur arrivée. Ils ont démontré là un civisme, une responsabilité et une attention qui laissent augurer d’une très belle quinzième édition, déjà dans toute les tetes…ojala !
Article du 16 novembre 2016 – Playa del Carmen – L’alchimie Maya Jazz Festival ensorcelle la Riviera !
Les organisateurs du Riviera Maya Jazz Festival sont passés maîtres dans l’art de la communication! Ils nous dévoilent enfin la programmation d’un des plus beaux festivals du Mexique et qui plus est totalement gratuit. Rendez vous donc du 1er au 3 décembre à Playa del Carmen pour l’édition 2016
Jusqu’à ce mardi 20 septembre dernier, rien ne transpirait de la future édition : pas de dates confirmées, pire, pas de noms d’artistes mis en avant…que paso ?
N’étant pas dans le secret des dieux du jazz, je subodorais, soit d’hypothétiques difficultés à boucler un budget, il est vrai conséquent, pour un festival totalement gratuit sur la plage du Mamita’s – 10 000 personnes par soir quand même ! -, ceci expliquant surement cela. Soit des minauderies des organisateurs jugeant opportuns d’attendre la mi septembre pour officialiser cette nouvelle programmation, nous dévoilant enfin le chemin musical emprunté par Fernando Toussaint, le directeur artistique et toute son équipe…alors voilà :
L’immense Steve Gadd en ouverture de cette 13e édition. Le génial batteur se présentant en quintet au public du Mamita’s, d’avance conquit tant le nom raisonne au panthéon du jazz des quarante dernières années !
Le lendemain, l’immarcescible Blood Sweet and Tears et son rock progressif, né lui aussi il y a quarante ans ( !?), viendra bousculer les bonnes manières que tout festival, se revendiquant de « Jazz », se doit de respecter.
Et puis toujours ce soucis d’appuyer des artistes mexicains, Paco Rosas, Fuisha funk band ou encore ce batteur génial en la personne d’Antonio Sanchez : Le compadre de Pat Metheny aura à cœur d’exprimer sa volontaire et ponctuelle fugue avec son “band” Migration.
Enfin Bill Evans, Bill Evans…non mais calmez les ! Lui, il joue du “sax” et quand il parcourt son carnet d’adresse, les majuscules se bousculent, feu M.D par exemple…. Avec Aguamala, le groupe résident de Fernando Toussaint, il ouvrira cette ultime soirée. La pop funk jazzy du trio infernal des Dirty Loops , valeur montante du moment, devrait clore cette édition comme il se doit .
Les 1er,2 et 3 décembre, la plage du Mamita’s va de nouveau bruisser de la rencontre, toujours magique, de musiciens qui ont construit, bâtissent et élèveront le jazz a son rang majeur avec ce public, certes bon enfant, mais tellement exigeant !
Alors rendez-vous sur la plage…tongues obligatoires !
Jean-My Cochois http://www.laprensafrancesa.com.mx